06.10.2008
Vu de Budapest : l’art brut hongrois et autrichien
L’art brut cette semaine nous vient de Hongrie avec l’écho lontain d’une grande exposition réunissant une sélection d’œuvres autrichiennes et des œuvres provenant du Musée de la psychiatrie de Budapest.
Comment je sais ça ? Mais parce que je lis pas que les catalogues de mes fidèles modistes (merci au passage à Renata de Bruxelles qui m’a envoyé le bouton que j’avais perdu) !Je mets le nez dans un tas de trucs exotiques et parmi ceux-ci : Le journal francophone de Budapest. En cherchant bien, j’ai même trouvé une version en anglais + développée. Ce qui fait que je peux ramener ma science parce que le hongrois, tout de même, c’est un peu trapu pour ma p’tite tronche.
Que ceux qui auraient à faire sur le beau Danube bleu sachent que Art Brut Ausztriaban es magyarorszagon (je vous fais grâce des accents), autrement dit Art Brut in Austria and Hungary sera visible jusqu’au 9 novembre 2008 à la Magyar Nemzeti Galéria, Budavari Palota. Pas de panique, ça veut dire The Hungarian National Gallery (Galerie Nationale de Hongrie, Palais Royal).
En fait, si je comprends bien, cette expo «dédiée à l’art brut» est un montage à 3 volets.
Dieter Fercher
Vous additionnez 110 œuvres contemporaines issues de 30 instituts psy et/ou ateliers d’art-thé (dont Gugging of course) avec 50 dessins en provenance directe du Musée de la psychiatrie récemment fermé, vous enrichissez le minerai obtenu avec un ensemble de dessins fantastiques d’Erno Teleki, apparentés à notre art brut vénéré, et ça fait la rue Michel, enfin… le Budavari Palota.
Comme je suis une mère pour vous, je vous laisserai pas dans l’incertitude. Je vous dirai que le volet autrichien a déjà été montré à Vienne en 2006 à l’occasion de l’anniversaire de Sigmund Freud qui ne fait pas ses 152 ans. On y montre notamment les œuvres de Gabor Ritter, un familier des cimaises là-bas.
Ritter Gabor
La question du Musée de la psychiatrie de Budapest est plus brumeuse. J’ai mal compris si c’était une institution datant de la période coco ou non. Je me demande si les collections de la Clinique des Maladies Nerveuses et Mentales de l’Université de Pécs qui avaient fait en 1956 l’objet d’un livre d’Irène Jakab (titre en français : Dessins et peintures des aliénés) n’y avaient pas été versées mais c’est pure supposition de ma part.
M. F.
Ce qui est sûr c’est que Laszlo Beke, le «Directeur de l’Institut de l’Histoire de l’Art de l’Académie» a annoncé, pendant le vernissage, que cette précieuse collec était maintenant confiée à son institution
Quant au comte Erno Teleki (1902-1980), un aristocrate hongrois de Kolozsvar (Cluj), l’histoire troublée de sa région transylvanienne disputée par la Roumanie et la Hongrie fait qu’il eut le malheur d’être relégué dans le delta du Danube (on lui reprochait d’être un koulak).
Le dessin lui apparut alors comme une stratégie de survie. Cette explosion de créativité, proche d’une fièvre psychotique, a été durable. Les dessins présentés à Budapest couvrent la période allant de 1954 à 1970.
08:51 Publié dans Ailleurs, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, dieter fercher, ritter gabor, erno teleki | | Imprimer | | |
03.10.2008
Histoire d’Œuf
Retour d’une vieille connaissance à la Galerie Alain Paire à Aix-en-Provence : Claude Roffat couvant toujours son œuf sauvage. Parmi 8 artistes, l’expo, qui se terminera le 25 octobre 2008, rassemble deux ténors de la saga horslesnormiste : Pascal Verbena et Francis Marshall (mon Dieu, comme il a changé depuis Mauricette). On remarque aussi Ronan-Jim Sevellec et l’Abbé Coutant, un pote à Gaston Chaissac.
Alain Paire (pas confondre avec l’Impaire) assaisonne ça d’un article bien documenté et bien écrit, ce qui ne gâte rien. S’y reporter pour mieux cerner le méandreux parcours (de la place St-Georges au rez-de-jardin marseillais, en passant par la place Gailleton et le Luberon) de Claude Roffat. Lisez-le me le pour tout savoir sur le personnage.
Il l’avait promis, il l’a fait. Triomphant des fichiers trop lourds et des agaceries animuliennes, Christian Berst m’a envoyé ses nouvelles images.
Joële (Nina Karasek)
Comme je n’ai plus le temps d’y mêler mon grain de poivre (mais pourquoi donc les expos de la Galerie Objet Trouvé sont-elles si courtes ?), je vous colle derrière le texte de C.B. qui accompagne les fotos.
«Raimundo Camilo :
Un billet (il fabrique son propre argent) qu'il distribue autour de lui ou échange contre des cadeaux "de luxe" -entendre par là un tee-shirt rayé par exemple!-
Il donne un billet pour traverser quotidiennement la rue, pour prendre un café dans le bistrot en face de l'asile, seule excursion qu'il s'autorise, et encore de courte durée).
J'expose 9 de ses billets (non compris celui que je vous envoie, plus ancien).
La tête figure, selon lui, tantôt un "roi", tantôt un chef cangaceiro. […]»
00:40 Publié dans Expos | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art brut, francis marshall, joële, raimundo camilo | | Imprimer | | |
28.09.2008
Mario Del Curto : Au large des yeux
«Mario Del Curto à Sarraz», c’est le nom du vaisseau spatial qui a croisé la trajectoire de mon aéronef. C’était pendant la torpeur d’une profonde nuit. A travers la porte des étoiles, l’équipage de l’Association Mordache qui soutient le travail de ce photographe bien connu des brutolâtres, s’est adressée à votre petite âme errante pour qu’elle répercute dans «la communauté animulienne» une info in-con-tour-na-bleue.
Une nouvelle expo de portraits et de vues de lieux «à l’identité forte» prises par MDC chez des créateurs et dans des environnements d’art singuliers internationaux mènera la vie de château à partir du vernisseux jeudi 2 octobre jusqu’au 2 novembre 2008, date de mort.
Cherchez pas l’adresse de l’Asso Mordache, j’ai essayé : nada. Le mot, lui, existe bien. Ce n’est pas un anagramme de mocharde. C’est une pièce en bois qu’on place entre les mâchoires d’un étau pour serrer un objet sans l’endommager. C’est aussi un baillon que les capucins novices se collaient dans la tronche pour éviter de tchatchter. Tout un programme !
Quant au Château de La Sarraz, à 15 kms de Lausanne et à 12 de la frontière française, il abrite un musée du cheval, vocable toujours évocateur de palais de «l’anti-académisme spontané».
Parmi ceux-ci, Mario Del Curto a choisi: les Etats-uniens Bernard du Mississipi, Clyde Casey de la nouvelle-Orléans, Kenny Hill du Bayou Petit Caillou, les Italiens de Bordighera, Oreste Fernando Nannetti, Luigi Lineri de Zevio, NOF4, «Astronaute Ingénieur Minier du Système Mental» qui graffita le mur d’un hosto psy avec sa boucle de veste.
Les Français sont représentés par Charles Billy, Henri Ughetto de Lyon, Le Jardin de Rosa Mir à la Croix-Rousse, Marilena Pelosi.
Du Japon viennent les images du temple Otagi Nenbutsu-Ji de Kyoto (1200 statues représentant Rakan, un disciple de Buddha).
De Suisse, celles de Pietro Angelozzi de St Gall, de l’Asso CREAHM de Fribourg, de Linda Naeff.
Si vous êtes pas du genre à vous contenter du menu, reportez-vous au dossier de presse. C’est un modèle du genre et il a l’avantage de contenir des images où le photographe invite à puiser, ce dont je me prive pas.
Une restriction toutefois : quand l’Asso Mordache nous apprend que «en résonnance aux images argentiques», les spectateurs admireront aussi des œuvres de créateurs «dévoilés pour la première fois en Suisse romande», il me semble qu’elle tire un peu la couverture vers le photographe. Excès d’enthousiasme pardonnable dans un document qui souligne par ailleurs le «rôle documentaire» indispensable du témoignage de MDC après le saccage du Jardin de Marcello Cammi.
Belle, attirante et forte, la machine de Mario Del Curto a tendance à passer pour la seule (sa bio parle de «démarche unique») aux yeux de ses mordacheux supporteurs.
C’est oublier un peu vite Gilles Ehrmann et Clovis Prévost. C’est oublier par avance les petits reporters qui poussent comme des champignons avec leurs nouvelles technologies dans la poche-téléphone. L’avenir dira s’ils se laisseront intimider par des travaux du calibre de celui de MDC ou s’ils sauront s’en servir comme d’une formidable rampe de lancement au profit d’une nouvelle esthétique et de nouvelles recherches.
Levez-vous, jeunes photographes désirés ! L’univers brut est sans limites et il y aura toujours à explorer.
17:38 Publié dans Expos, Images | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : art brut, mario del curto, otagi nenbutsu-ji, kenny hill, marcello cammi, henri ughetto, jules senis | | Imprimer | | |
27.09.2008
Séraphine et ses copines
Hello, joyeux taïkonautes, cosmonautes, internautes ! Et surtout vous, vagulanautes ! Le deuxième étage de la fusée animulesque poursuit sa route avec sa cargaison d’infos supersoniquement brutes. Pour faire simple, je vous la jouerai compte à rebours, comme dirait mon pote Joris-Karl.
Pas de panique pour La Cité singulière, l’expo de La Maison de l’Architecture, partenaire du MAM Lille Métropole. Vous avez jusqu’à la Toussaint pour redécouvrir les œuvres de cette bonne vieille Collection de L’Aracine liées à l’archi et à l’urba (houba, houba!). Je blague, mais c’est pas idiot de mettre en valeur les «utopies urbaines et les représentations oniriques de la ville» présentes dans les œuvres des petits chéris de Madeleine Lommel.
Titus Matiyane
J’ai du mal à comprendre quand même pourquoi dans son laïus du site de la Maison de l’Archi, Savine Faupin, à propos du «regard posé sur (…) l’habitat» opère un distingo savant entre «des artistes classés dans l’art brut (ACM, Paul Duhem, Paul Engrand, Désiré Geelen, Frank Jones, Helmut Nimozewcki, Titus Matiyane, Willem van Genk)» et ceux «s’en approchant, comme les habitants-paysagistes (Le facteur Cheval, l’abbé Fouéré (sic), Theo Wiesen)».
Si Cheval et Fouré ne font que «s’approcher» de l’art brut, alors moi je rase la lune gratis !
Timing plus serré et démarcations moins contestables à la galerie Objet Trouvé à Paris qui décrochera le 11 octobre 2008. Jusque là, on pourra voir sa nouvelle expo de récentes acquisitions.
Le carton d’invitation se contente de réactiver la notion de «hors les normes» qui a déjà beaucoup servi, en la mariant bizarrement avec celle de «tradition», ce qui est un peu pâlichon compte tenu des (re)découvertes qu’on nous promet et pour lesquelles on salive déjà.
Telle cette Henriette Zéphir, objet de l’attention dubuffetienne dans le 14e Cahier de L’Art Brut ou telle Joële, ex-symboliste viennoise du nom de Nina Karasek.
Plus près de nous encore, le mercredi 8 octobre 2008 à la Maison de l’Amérique Latine à 21h, après la conférence de Marlène Iucksch sur «les figurations brésiliennes de l’Autre», on discutera du film O prisioneiro da passagem, entretien avec Arthur Bispo do Rosario.
Question toile, le 1er octobre, c’est la sortie de Séraphine,
le film de Martin Provost dont vous pouvez pas louper la promo
comme vous avez loupé en avril dernier celle du documentaire de Matthieu Orlean sur Hélène Smith (Des Indes à la Planète Mars).
Parallèlement, au Musée Maillol, dans les beaux quartiers de Paris, les palpitants tableaux de Séraphine seront visibles jusqu’au 5 janvier 2009.
Last but not the least, je vous rappelle que Visions et créations dissidentes, l’expo du Musée de la Création Franche est déjà sur le gaz au pays de Mamère Noël.
C’est dès aujourd’hui, samedi 27 septembre 2008 que vous pouvez vous pointer à Bègles pour le vernissage. Trop tard pour le repas prévu mais au menu 8 créateurs, pas tous bien bruts mais où l’on peut remarquer Bernd Gehrig pour ses timides créatures dépressives et Colin Rhodes pour ses «images construites à partir d’autres images» comme dit le catalogue.
13:06 Publié dans Ecrans, Expos | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : art brut, séraphine louis, hélène smith, titus matiyane, henriette zéphir, nina karasek, arthur bispo do rosario | | Imprimer | | |
25.09.2008
Suisse brute
Duhem à Lausanne, Wölfli à Berne, Zemankova de Genève à Prague… Ce n’est pas un inventaire à la Prévert suisse. C’est le premier étage de la fusée Animula qui doit mettre les bouchées doubles pour sortir de son atmosphère lait-de-poule et milk-shake aux nues-t’es-là.
Vous manquez de Duhem dans votre armoire à pharmacie ? Faites votre marché à la Galerie du même nom à Lausanne. Jusqu’au 27 octobre 2008, elle propose un joli assortiment d’infirmiers et de bustes divers où l’on devine souvent des autoportraits du créateur. Paul Duhem qui était belge et d’une régularité de métronome dans son activité artistique s’est dispersé dans l’autre monde sans attendre l’an 2000. Il revient sur terre helvète et pour la première fois - à ce qu’il paraît – dans une galerie.
Manquez pas la cible si vous atterrissez dans cette ville où même les librairies s’appellent Oh 7 ème ciel.
Et si d’aventure vous avez le frisson pour l’art lyrique, réservez votre soirée du 5 octobre. C’est trop tard pour la Première mais, en brûlant vos derniers vaisseaux spacieux, vous devriez être au Stadttheater de Berne ce soir-là pour un «Voyage au centre de la schizophrénie».
On y donne en effet Der göttliche Tivoli, un opéra en 2 actes du compositeur danois Per Nørgård qui s’est senti inspiré (et aspiré) par la vie, l’œuvre et le grand dérangement de notre Adolf Wölfli vénéré.
Celui-ci, d’ailleurs, n’en finit pas d’attirer les foules puisque la Sammlung Prinzhorn d’Heidelberg en Allemagne lui consacre une expo ainsi qu’aux autres créateurs de la Collection Morgenthaler (und andere Künstler der Sammlung Morgenthaler). Quand ? Du 16 octobre 2008 au 22 février 2009 si vous voulez tout savoir.
Adolf Wölfli en 1925 - Kunstmuseum Bern
Quant à la magique centenaire zemankovienne et à sa dévouée petite-fille dont je vous ai déjà conté récemment les aventures genevoises (voir ma note du 11 septembre dernier), elles feront parler d’elles sur les ondes de Radio Prague, radio tchèque de langue française le dimanche 28 septembre 2008.
23:55 Publié dans Ailleurs, Expos | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : art brut, paul duhem, adolf wölfli, anna zemánková | | Imprimer | | |
18.09.2008
Un album pour Giovanni Bosco
Giovanni Bosco, Sicilien, brut et sacré coloriste, persiste et signe.
Cet été, dans son île aux trois pointes et à l’histoire mille-feuilles, ce créateur-né en a reçu du beau linge ! Animula, n’en doutez pas, y est pour quelque chose. Voir mes coups de clairons du 25 mai et du 16 juin 2008.
Rumeurs d’expos, de conférences en perspective…
Pourquoi, moi, je ne me fendrais pas d’un petit album ?
Giovanni Bosco, muraliste brut, c’est extra et y’a pus qu’à suivre le diaporama.
00:43 Publié dans De vous zamoi | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : giovanni bosco, art brut | | Imprimer | | |
11.09.2008
Zemánková au carré
Zemánková au carré, c’est le pied ! A Genève bientôt, la grand-mère Anna et sa petite fille Terezie se retrouveront à la Galerie Une Sardine collée au mur. Aucun loup de prévu au programme. Petits pots de beurre peut-être au vernissage ? Il aura lieu le jeudi 18 septembre dès 18 heures. Les Animuliennes pourront se munir de leur chaperon rouge en signe de ralliement. La grand-mère a 100 ans Elle est née en 1908 en Moravie et s’est éclipsée en 1986, nous laissant les fleurs qu’elle commença à faire pousser dans les années 60 et «qui ne fleurissent nulle part ailleurs» que chez elle, selon ses propres propos. Chez La Sardine, Anna Zemánková sera comme chez elle, n’en doutons pas. On pourra y venir zieuter sa «flore à la beauté inquiétante quasi vénéneuse», quelque part «entre l’ornemental, le végétal et le cosmologique».
J’extirpe ces mots du petit texte chapeautant le zoli carton d’invitation qui n’a pour moi que le léger inconvénient de créditer cette œuvre unique «d’accents surréalistes». Je comprends ben que cette remarque a pour fonction de rompre avec les sédimentations médiumniques que l’on a trop souvent collés sur cette «artiste» tchèque. Mais franchement, en dépit des influences surr et spirites qui planent sur son pays, je crois pas qu’Anna Z ait jamais été vraiment concernée par ces courants là.
Mais, je peux me tromper et la petite-fille, heureusement sera là, pour le dire. Car Terezie, oyez, oyez !, fera 2 visites commentées le jeudi 25 septembre à 18 h et le samedi 27 septembre à 15 h. Vous aimerez son français qu’elle parle plutôt bien et qu’elle entretient par des apparitions fréquentes dans notre pays.
L’anniversaire d’Anna sera souhaité aussi cette année «par deux autres expositions, l’une à New York et l’autre à Paris», nous apprend le sardineux carton, sans dire lesquelles.
A mon humble avis, c’est l’exhibition à la Cavin Morris Gallery de N.Y.C.
et celle d’abcd la Galerie dans la verte Montreuil (pas Paris mais presque) qui sont visées.
La première –profitez-en, le dollar est bas– c’est du 16 octobre au 22 novembre 2008.
Quant à la seconde – Robespierre station – ce serait du 10 décembre 2008 au 15 mars 2009.
23:23 Publié dans Ailleurs, Expos | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : anna zemánková, art brut | | Imprimer | | |
10.09.2008
Ovartaci : poète aussi
Des fois que l’accélérateur de particules nous fasse un trou noir dans la nuit, je m’empresse d’ajouter un petit bonus à ma note sur Ovartaci en vous présentant ses «Poems to the future» publiés par la Fondation O (Ovartaci Fonden) sous le titre Ovartaci’s secrets. Car Ovartaci était aussi poète. Un échantillon :
Come !
See
This World
In twilight
And incoherent as the night
In the beginning.
Where the mad and the wise women
Are outside time.
Johannes Nielsen, qui préface le recueil publié en 2006, ignore quand Ovartaci a écrit ses poèmes. Dans les années 40 ou 50 du siècle dernier, probablement. Et en espagnol, langue qu’O, qui avait séjourné en Argentine, pratiquait. Malheureusement Nielsen ne nous donne pas la version originale.
Pourquoi «secrets» ?
Parce que ces poèmes ont été retrouvés par hasard, 14 ans après la mort de leur auteur, dans la caboche ovoïde de l’une de ses sculptures pendant une restauration.
A ce que j’ai compris – mais le texte de Nielsen n’est pas des plus clairs – une autre créature d’Ovartaci, camouflée en paysanne sous une robe-kimono, abritait aussi à la place de son cerveau, un joli petit mécanisme avec courroies, rouages et mots magiques sur bristol.
Encore une citation avant l’irruption de l’anti-matière (?)
Women of perspicacity
See
That the world
Is merely a place
For experiences
And denial .
They are granted
Nothing more.
Everything in the world will end
In emptiness and facade.
23:55 Publié dans Poésie naturelle | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : ovartaci, art brut | | Imprimer | | |
06.09.2008
Ovartaci : Brut et Danois
Ovartaci, super créateur d’art brut Danois, comptait Asger Jorn parmi ses inconditionnels. Son œuvre n’en demeure pas moins méconnue. Aussi devant son nom, aperçu dans le dernier numéro de Raw Vision (64, autumn 2008, p. 69), j’ai poussé un «glop-glop» de plaisir.
La lecture de la brève de John Maizels, relative au bouquin de Johannes Nielsen : Ovartaci, Pictures, Thoughts and Visions of an artist, m’a rappelé mes vacances 2003 au Danemark où j’étais grimpé pour mettre mon daddy à l’abri de la canicule.
Je vous ferai une autre fois le récit de mes rencontres brutes dans la lumineuse fraîcheur du Jutland, sachez seulement qu’à Århus, en excursionnant au musée de l’hopital psy, j’ai eu le choc de ma vie (enfin, l’un des chocs) en rencontrant les insidieuses, longilignes, félines, inquiétantes et sexuelles créatures d’un peintre, sculpteur schizophrène qui demeura là 56 ans, chouchouté par une équipe soignante qui admirait son travail artistique.
A l’époque de ma visite, la version en anglais du livre de Nielsen, le psychiatre d’Ovartaci, n’existait pas. L’auteur m’avait gentiment dédicacé la version originale mais j’avais dû me contenter, par ignorance danistique, d’en lire le titre : Ovartaci, En kunstners billeder tanker og visioner.
Dommage pour vous ! J’aurais pu vous en parler plus tôt. Il est vrai que je vous cause d’un temps où votre petite âme errante n’existait pas ! Imaginez le monde sans Animula Vagula… Fermons la parenthèse.
J’aurais pu vous dire le frisson fantastique que c’était de découvrir ces peintures et ces sculptures terribles et ce non moins étrange mobilier peint où dominent les thèmes ésotériques à base de métamorphoses femme-animal.
J’aurais pu vous parler de ces foules tout en flammes où crépite le feu ardent de la psychose, de ces cauchemardesques et fascinantes scènes en abîme, peuplées d’entités femelles à la taille de guêpe, aux ailes de libellule et aux yeux égyptien-reptilien.
On vit plus d’une vie avec Ovartaci. Lui-même voyageait sans arrêt au gré des réincarnations dont il se souvenait. Dans cette vie, il s’appelait Louis Marcussen de son vrai nom, avait vécu en Argentine, était calé en bouddhisme. Longtemps yogi, son désir de maîtrise sur son corps l’avait sans doute conduit à une automutilation qu’il évoque dans un chapitre du livre de Nielsen, en commentant l’un de ses tableaux : Naked bathing girls.
Son esprit toujours occupé de migration d’un sexe dans l’autre, Ovartaci parle volontiers de lui-même comme d’une petite fille. Il se décrit aussi comme un «virul», le représentant d’un 3e sexe.
Sa façon de tout ovartaciser séduisit Jean Dubuffet qui s’intéressa à son cas grâce à son copain Asger Jorn.
Asger Jorn et Jean Dubuffet en 1961
Photo : Musée de Silkeborg
Ce grand artiste Cobra-Situ, fit cadeau de deux pièces d’Ovartaci à la Collection de l’Art Brut de Lausanne.
A ma connaissance, on ne les y montre pas. Est-ce parce qu’en 1979 Ovartaci participa à l’Exposition Outsidere au trop fameux centre d’art contemporain de Louisiana ?
Si c’était le cas, le temps ne serait-il pas venu de rectifier le tir ?
21:39 Publié dans Gazettes, In memoriam, Vagabondages | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ovartaci, art brut, asger jorn, jean dubuffet | | Imprimer | | |
12.08.2008
La maison de Polina Raïko
En Ukraine aussi, l’art inventif fait un malheur et dans la région de Kherson, à Tsyuryupinsk exactement, votre p’tite fouineuse d’âme errante a repéré une merveille de chez merveille : la maison de Polina Raïko
Polina Raïko, si j’ai bien compris, c’est une grand-mère qui a transformé les 4 dernières années de sa vie en feu d’artifice pictural.
Comme elle est morte en 2004, ça fait que ces années-là sont aussi les premières du 21e siècle, Polina ayant vu le jour en 1928. Un début de siècle –même idiot comme le nôtre– c’est pas mal
Polina, si j’en crois ce que j’ai lu sur Internet à son sujet, avait mené une vie de patachon avant de se lancer dans la peinture. Notamment du fait d’un malheureux alcoolique de fils qui finit en colonie pénitentiaire après avoir vendu tous les meubles de sa mère.
Les sous de sa retraite, Polina les dépensait pour son art, couvrant les murs et les plafonds de sa maison de fresques pleines de fleurs et d’oiseaux, plutôt que de regarder la télé qu’elle n’avait plus.
Toutes les surfaces libres y passaient, y compris les miroirs. Après sa disparition, ce fut moins 2 que cet univers de création qui fait penser à Pirosmani, à Grandma Moses, à Ivan Generalich ou à Maud Lewis ne passe à la trappe.
Grâce à des bons génies canadiens qui auraient racheté la maison de Polina Raïko et à une asso locale, le Centre d’Initiatives pour la Jeunesse Totem, celle-ci serait aujourd’hui visitable.
Si des fois, il y avait dans l’assistance des Animuliens qui pigent le cyrillique, qu’ils ne se gênent pas pour nous dire plus !
17:33 Publié dans Ailleurs, Glanures, Images, Sites et jardins | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : polina raïko, art brut | | Imprimer | | |